- Dafne Pritchard
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Date d'inscription : 03/10/2021
Dafne Pritchard ▬ she's a goblin [TC. Puck Vandervliet]
Dafne Pritchard
25 ans • 10/11/1996 • F • 170cm • Yeux : vert • Cheveux : châtains clairs ; des mèches se sont éclaircies à cause du soleilBotanique • Biologie & Environnement
Dafne est également assistante dans certains cours liés à la biologie végétale et à la botanique ; elle parle espagnol, anglais et basque ; elle connait quelques mots de gallois par son père, et maîtrise également les oghams, l’écriture druidique, sans pour autant l'utiliser réellement
Trees Talk
Les arbres ne parlent pas comme vous et moi. Les échanges se passent principalement dans les racines et par le bruissement des feuilles. Dafne a besoin d’un contact physique avec l’arbre pour l’entendre distinctement. Un contact qui passe de la peau à l’écorce ou à la feuille. Si le contact passe à travers un vêtement – mettons, des moufles ou des gants, elle entend une conversation étouffée, comme si elle écoutait à travers des écouteurs, par exemple. En fonction de ce que font les racines là où on ne les voit pas, Dafne peut comprendre plusieurs arbres en même temps et suivre leur discussion, si tant est que leurs racines soient en contact. Si vous voyez une folle faire un câlin à un arbre, c’est normal – les saules pleureurs sont de vrais pleurnichards.
Sans ce contact, Dafne entend une sorte de bourdonnement constant, comme une foule qui parle au loin sans que l’on puisse distinguer des sons. L’intensité de ce bourdonnement varie en fonction du nombre d’arbres. Dans une ville où les arbres sont espacés, c’est relativement vivable et peu envahissant, mais dans une forêt… Je vous laisse imaginer. Elle couvre les bourdonnements avec des écouteurs, ou des boules quies. C’est un don complètement passif et continu, dépourvu de bouton on/off. Durant un contact, le bourdonnement alentour s’estompe pour laisser la place au discours clair tenu par les arbres.
Entendre un brouhaha constant, un bourdonnement continu à chaque promenade en forêt sans écouteur a pour effet de lui filer des acouphènes sous forme de sifflements stridents une fois qu’elle se retrouve seule chez elle. De même, avoir un contact prolongé avec un arbre – deux heures, sans interruption – lui vaudra le combo gagnant des acouphènes avec le bon mal de tête. Elle n’a pas testé un contact de plus de deux heures, et c’était avec un if – parce que les ifs parlent lentement. Très lentement.
Ce don ne s’adresse qu’aux arbres, et aux arbres seulement. Elle ne peut pas comprendre ce que votre rosier ou votre romarin racontent sur votre dos – mais elle ne doute pas qu’ils soient en train de saler salement sur votre compte.
Somewhere only we know
Les gens du village disaient que grand-mère était un peu sorcière, et sans doute avaient-ils raison. Il n’était pas rare de voir débarquer des voisins, des connaissances qui venaient réclamer un remède contre une toux persistante, ou une infusion pour des règles douloureuses. Je regardais alors grand-mère piocher sur ses étagères, préparer des sachets qu’elle remettait contre une maigre compensation : un pot de miel, un gâteau au chocolat, un bocal de cookies ou encore des œufs frais. Elle disait qu’elle préférait ça aux pièces qui tombent et qui se perdent sous les meubles.
Tous les samedis, nous prenions la vieille camionnette tôt le matin et nous allions au marché, où nous y vendions le fruit de notre travail : des sachets d’infusion contre les maux du quotidien ou encore des pochettes de lavande pour parfumer les penderies, des bouquets de fleurs – fraîches en été, séchées en hiver – ainsi que des confitures en automne. Et quand la nature nous le permettait, nous vendions également nos fruits, et nos légumes parfois.
Grand-mère insistait pour vivre du travail de la terre et de la générosité de la nature, et nous n’allions au magasin qu’en cas d’extrême nécessité. Elle savait tout faire : savon, produits ménagers, lessive à base de lierre. Nous passions nos étés à faire sécher des plantes, à mettre en bocal nos récoltes, à nous préparer pour l’hiver.
Quand mes parents revenaient de leurs expéditions scientifiques aux quatre coins du monde –mon père était hydrobiologiste, ma mère hydrogéologue – ils se prenaient la tête. Ils lui reprochaient la manière de m’éduquer, en me tenant à l’écart du « monde réel » et de la technologie moderne. Ils voulaient que j’aille à l’école normalement, alors que grand-mère maintenait que j’apprenais plus en gambadant dans le jardin et dans la forêt qu’en m’asseyant huit heures par jour dans une salle de classe. Elle avait raison. Je pouvais distinguer toute sorte de plantes, je savais quelle tisane prendre en cas de nausée. Je savais compter la monnaie. Mais ils avaient raison aussi.
J’ai reçu une bicyclette pour aller à l’école. Mes parents n’avaient pas insisté davantage pour que grand-mère m’y conduise et m’y récupère ; ils avaient gagné pour l’école, c’était suffisant. Puis le village était petit, les routes peu fréquentées. Et j’avais les indispensables de la sécurité routière. J’ai rejoint l’école locale, ou devrais-je dire : le calvaire local. En raison de la taille du village, il n’y avait pas énormément de classes, et les instituteurs devaient alors prendre en charge des élèves de niveaux différents. C’est ainsi que ça se passe dans les villages aussi reculés que Zuggaramurdi. Les matières étaient ennuyantes, pour ne pas dire inintéressantes. J’aurais clairement préféré aller courir les bois avec grand-mère, faire pousser des plantes et honorer la nature.
On aurait pu croire que j’étais une fillette très solitaire et fort peu sociable – et en un sens, c’est le cas ; une sorte d’enfant sauvage élevée par les loups, du haut de mes six ans. Mais j’avais des amis en dehors de ma grand-mère. Des amis que personne d’autre ne pouvait comprendre. C’est dans le jardin de grand-mère que j’ai découvert mon don. D’abord, ce fut un murmure, pas plus audible que le bruissement des feuilles dans le vent, et en me rapprochant du verger, un bourdonnement plus intense. Les commérages des mères nourricières ; des arbres fruitiers se sont fait entendre quand j’ai touché un tronc. J’ai pénétré dans un univers dont personne n’osait rêver : je communiquais avec les arbres. Si je l’avais dit à n’importe qui, on ne m’aurait pas crue. Mais grand-mère était une femme ouverte et sensible, et si je lui disais que je pouvais comprendre les arbres, alors elle me croyait ; elle me croyait en s’émerveillant de cette étonnante faculté, à l’avance sur les recherches scientifiques. Puis, les arbres ont beaucoup d’histoires à raconter. J’ai commencé à me promener avec des bouchons pour les oreilles, quand le bourdonnement devenait trop intense pour moi.
Grand-mère est morte l’année de mes dix ans. C’est à ce jour la plus grande tragédie de mon existence. Pour combler le vide qu’elle laissait dans ma vie, grand-mère m’a fait le plus beau cadeau du monde : un carton rempli de cahiers, dont chaque page était maculée de son écriture serrée, de notes désorganisées et de feuilles séchées. Journaux intimes, cahiers de recherches, herbiers… Grand-mère m’avait légué une collection de grimoires. Après sa mort, ma mère est revenue prendre soin de moi, le temps que je termine ma scolarité dans l’école primaire. Mais ce n’était plus pareil : les conserves métalliques avaient remplacé les bocaux faits maison dans les placards de la cuisine, tandis que des emballages en tout genre débordaient de la poubelle que nous peinions à remplir autrefois. Je vivais pour la première fois avec cette femme que j’associais aux vacances, quand elle revenait pour me voir entre deux avions. C’était comme vivre avec une étrangère, et je crois qu’aucune de nous deux ne savait comment s’y prendre. La vie quotidienne était un enchaînement de conflits à propos de tout, de la nourriture jusqu’à la manière de lessiver. Grand-mère n’avait pas de machiner à laver, et je voyais mal ma mère récurer nos vêtements dans la bassine métallique. Cette maison qui avait été un paradis d’exquises aventures se transformait peu à peu en cage. Plus de promenades non accompagnée dans les bois. Plus d’heures passées en cuisine à préparer les bocaux pour l’hiver. Finies les taches de bois sur le visage et sous les ongles. Ma mère avait embrassé un mode de vie plus moderne que celui de sa propre mère, et semblait avoir oublié les principes que celle-ci lui avait enseignés. Si j’ai tenu le coup durant la période que ma mère nommait savamment ma « crise d’adolescence », c’est grâce aux cahiers de grand-mère, et aux arbres.
Mes primaires terminées, je fus placée en pensionnat dès la rentrée. L’un de ces pensionnats catholiques pour jeunes filles modèles, libérant ma mère de son congé sabbatique par la même occasion. Je crois qu’elle était soulagée de reprendre le rythme qu’elle avait toujours connu, et une part de moi persistait à croire qu’elle était également soulagée de ne plus me voir. Elle me verrait aux vacances, et c’était mieux comme ça ; pour elle, en tout cas. Moi qui avais cru que la maison était une cage, je n’étais pas au bout de mes peines avec le pensionnat. Il y avait des règles, et il y en avait beaucoup. J’étais dans une cage, et une chaîne m’empêchait encore de m’envoler. J’en ai énormément voulu à mes parents, à tel point que je ne répondais ni aux appels sur le portable qu’ils m’avaient offert, ni aux cartes qu’ils m’envoyaient de leur voyage. Eux continuaient de mentionner mon comportement comme une crise passagère. J’étais en colère, et j’en voulais au monde entier.
Les autres filles me trouvaient bizarre, et je les trouvais bizarres. Clairement, nos centres d’intérêt divergeaient. Elles parlaient de garçons et de filles, de séries, de romans, de films, de personnalités, de maquillages, de memes, des réseaux sociaux ; bref, elles venaient de Vénus, et je venais d’ailleurs. Mon père m’a dit un jour qu’il me reconnaissait à peine, et j’ai eu envie de lui répondre que la formulation exacte était qu’il me connaissait à peine. On m’a dit beaucoup de choses ; que j’avais perdu du poids, que j’avais perdu de ma personnalité, que j’avais perdu des couleurs. Des choses que l’on attribuait davantage au bouleversement hormonal des adolescents qu’au bouleversement qui se jouait dans mon existence. C’est là que j’ai rencontré le jardinier. Lui aussi était vieux, mais moins que ma grand-mère. Lui aussi aimait les plantes. Et je pense qu’on peut dire que c’est grâce à lui que j’ai survécu à mes années au pensionnat. Nous n’avions pas de longues discussions ; il n’était pas très bavard. Mais il était excellent pédagogue. Il me faisait un signe de la main pour me montrer une jeune pousse, pour me demander si je connaissais telle plante. Puis, nous retournions à nos occupations, les mains dans la terre.
À dix-sept ans, bientôt dix-huit, j’ai fait un choix ; celui de m’orienter vers une carrière scientifique, comme mes parents, mais dans la botanique, comme ma grand-mère. J’allais travailler avec et pour mon seul véritable amour, les arbres. J’avais pris l’habitude de vivre sans mes parents, et eux avaient l’habitude de vivre sans moi ; aussi, ce ne fut un choc pour aucun de nous lorsque je manifestai mon choix d’aller étudier à Tapë Roa. Au contraire, ce fut encouragé, pour la réputation de l’université et l’enseignement qui y était dispensé. Peut-être se sont-ils doutés de l’existence de mon don ; peut-être ma grand-mère leur en avait-elle parlé. Dans tous les cas, ça n’a jamais été mentionné entre nous, et je suis partie étudier.
J’ai commencé les cours, j’ai continué les cours. J’ai redécouvert les joies de la forêt et le bonheur d’être seule, de faire ce que je voulais : collectionner des plantes séchées dans des bocaux, collectionner les escargots, sauter dans les flaques, porter les vêtements qui me faisaient envie. J’ai redécouvert la joie de vivre sans limite, et même si j’étais toujours en colère contre ma famille, j’ai aimé tout ce que j’ai fait. J’aime toujours ce que je fais. Ma thèse, même si ça me demande beaucoup de larmes, de sang, de mental breakdowns et d’énergie. Mes balades en forêt, dont je ne me lasse pas. Les copains, les copines, les collègues, les étudiants, les supérieurs. Mes parents ont tenté de me faire revenir en Espagne après les premiers attentats mais honnêtement ? Pour rien au monde je n’aurais quitté ma nouvelle maison.
- Stanislas VaugieuxThe Fishcracker
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Date d'inscription : 01/09/2019
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