- Istvan FersenCo-fonda • Modèle de Géricault
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Date d'inscription : 22/08/2019
Istvan Fersen • C8H10N4O2
Istvan Fersen
45 ans • 7 décembre 1978 • M • 1m79 • Yeux : gris • Cheveux : brunsMédecin Légiste
Père célibataire d'une fille ; Cecília, née le 12 mai 2005 • Survit grâce au café • Dessine (croquis anatomique&aquarelles) • Parle hongrois, italien, français et anglais
- Est ressorti INFJ au MBTI
- A un accent hongrois sorti d'on ne sait où, discret en général mais devient plus marqué avec la fatigue ou l'énervement
- Parle systématiquement hongrois avec sa mère et l'appelle anya ; a tendance à faire un mélange de français et d'italien quand il parle à son père qu'il appelle papa
- Peut passer d'une langue à l'autre ou les mélanger, souvent sans s'en rendre compte (fait accentué par la fatigue, l'énervement ou un abandon de la sobriété)
- Peut servir de station météo grâce à son genou droit (fracturé 10 ans plus tôt, il a d'ailleurs la cicatrice de l'opération le long de la jambe) mais mieux vaut ne pas effleurer le sujet
- Ecrit toujours à l'encre noire
- Dira toujours "Superbe" avec un ton très, très sarcastique
- Vérifie que son stylo fonctionne encore sur le côté de sa main ; en résultent de nombreux traits d'encre près du pouce gauche
- A une peluche sur sa table de nuit (abandonnée là un matin par Cecília, après un cauchemar, n'en a plus bougé depuis)
- Bouge les lèvres en silence sur les paroles des chansons qu'il connaît
- Laisse quasi éternellement son téléphone en silencieux
- Se gratte le dos des mains quand il est nerveux
- Critérium 0.5 HB only please
- Eternue s'il prend le soleil dans la figure, merci le bug de cerveau
- Frotte son majeur contre son pouce comme s'il voulait claquer des doigts quand il a quelque chose sur le bout de la langue et que ça ne lui revient pas
- Dort fenêtre ouverte, même s'il fait -15°C dehors
- Ne portera rien de court, même s'il fait 30°C à l'ombre
- Aime l'odeur du linge qui a séché au soleil (petite joie des draps tout juste ramenés du fil à linge dans lesquels tu t’étales gaiement pour dormir)
- Arrête de ronfler si on lui caresse les cheveux quand il dort
- Sait lancer un scalpel sur une cible immobile type vieux classeur (des années d'entraînement)
- Inutile jusqu'ici mais peut repérer le cyanure à son odeur d'amandes amères ; déteste l'amaretto (et globalement les amandes amères) pour cette raison. Mauvais souvenirs de la mort aux rats chez la grand-mère maternelle
- Capable de se repérer sur n'importe quel itinéraire pour peu qu'il l'ait déjà pris au moins une fois, mais totalement infoutu de se souvenir des noms des rues (pire personne à qui demander son chemin)
Statisticien
Chaque situation est un ensemble de variables ; plus ou moins dénombrables et quantifiables. Certaines sont plus stables que d’autres. Certaines sont influencées par les autres. Certaines sont tellement aléatoires que tu peux te retrouver avec trente-six mille résultats différents et un nombre incroyable de pourcentages avec des chiffres aberrants tellement ils sont infimes. Et bien sûr, c’est comme tout. Ça a beau être statistique, tu vois, ce n’est pas 100% exact. Tu as une marge d’erreur : seuil acceptable de base à >0.5 – intervalle de confiance : 95%. Et comme tu as toujours plus d’un résultat en fonction des variables, tu ne te fixes jamais sur aucun.
Tu attends de voir. C’est moins pénible. De toute façon, ce n’est pas comme si tu disais à tout le monde que, oh ! super, ton univers est composé de quatre choses : ton travail, ta maison, le reste du monde, et les statistiques.
Et puis, évidemment, il y a certaines variables que tu ne peux simplement pas prendre en compte, elles n’apparaissent pas au tableau. Et tu fais partie de ces variables.
Et bien sûr, il faut que la situation t’intéresse. Sinon, à quoi bon la décrypter, hein ?
I'll burn that bridge when I get to it
« Quelle question ?
« Est-ce que vous êtes attentif ? Regardez bien. La réponse à votre question est là, quelque part.
Un jour, tu le sais, cette tendance à rembarrer les autres t’attirera des ennuis. C’est plus que probable, en soi, c’est déjà un miracle que ça ne soit pas encore arrivé. C’est comme si tout ton entourage s’était, finalement, habitué à te voir dire ce genre de choses, ces choses qui n’ont de logique qu’au fin fond de ta tête.
« Si c’est une fille, on lui donne un nom français. Ou italien.
« D’accord, et si c’est un garçon, on lui donne un nom hongrois.
Et c’est comme ça que tu aurais pu t’appeler Ofelia, si le hasard avait décidé de te donner un deuxième chromosome X. Tu es né dans un hôpital de Budapest, un sept décembre, et conformément à ce qui avait été dit, tu as reçu un prénom hongrois. Tes parents s’étaient mis d’accord. Sur les papiers, il y eut vite écrit Istvan Fersen.
Ton père, Alexandre Fersen, franco-italien.
Ta mère, Bianca Jancsi, hongroise.
Tu as grandi à Naples. Avec ta mère, tu as appris à parler hongrois, d’ailleurs, à chaque fois que tu t’adresses à elle, c’est dans cette langue, et tu l’appelles anya. Avec ton père, tu as appris à parler français. A l’école, tu parlais déjà suffisamment italien pour ne pas avoir envie de le ramener à la maison. Tu n’étais pas un enfant difficile. Plutôt calme, même. Vos vacances, vous les passiez à Paks, chez ta grand-mère maternelle, ou du côté de Paris, chez tes grands-parents paternels. Tu as rapidement fait le tour de tous les musées de la capitale française, tu as très vite été familiarisé à l’église architecturalement particulière de la petite bourgade magyare.
« Comment t’as su ?
« J’en sais rien…
C’est là que tu as découvert que quelque chose, éventuellement, clochait chez toi, tu avais quoi, douze ans ? Une manière de voir le monde qui étonnait un peu les autres. Pourtant, tout s’organisait presque parfaitement, presque à chaque fois. Il y avait un certain nombre de choses à prendre en compte, mais tu avais fini par découvrir une certaine utilité à cette bizarrerie, notamment pendant tes cours d’escrime.
Un rien t’alertait. Tu te découvrais une facette très intuitive. Mais il y avait encore mieux que ça. C’était beaucoup plus bête. Plus mathématique. Plus automatique. C’était beaucoup plus statistique et tangible. Il y avait des variables.
Une manière de les organiser.
Une manière de les croiser.
Parfois, ça fonctionnait. Parfois ça ne fonctionnait pas. C’était incertain, mais tu t’es vite rendu compte que tu pouvais dégager des pourcentages sur des choses probables, tant que tu restais spectateur.
La seule variable que tu ne pouvais pas et ne peux toujours pas prendre en compte, c’est toi-même.
« Je doute que tu sois muet.
« …
« C’est juste la lecture d’un paragraphe, tu sais ?
Tu n’allais quand même rien dire du tout. Ton professeur a insisté, aussi longtemps qu’il le voulait, mais tu n’as pas décroché un mot, du haut de tes quatorze ans. Pourquoi l’aurais-tu fait ? Tes camarades allaient se mettre à ricaner dans la seconde. Tu gardais ce silence obstiné depuis presque un an, c’était le milieu du collège. Et tu avais fait vœu de silence devant l’obstination de tes camarades, et même de certains professeurs, à trouver des moyens plus ou moins discrets de rire de ton accent.
Tu ne sais même pas comment tu peux l’avoir, cet accent hongrois. Tu ne le savais déjà pas à l’époque. Tu ne le sais toujours pas maintenant. Mais ce que tu savais, c’était que le meilleur moyen d’être tranquille était de ne pas parler. Personne n’a eu l’air gêné. Tes parents n’en ont jamais été avertis : est-ce que les professeurs avaient au moins remarqué le changement ? Non, apparemment pas.
Jusqu’à ce que ce professeur arrive, alors que tu entamais une nouvelle année. Lui, il n’a pas trouvé ça normal. Lui, il est allé voir tes parents.
Lui, il a fait en sorte que tu te remettes à parler, en-dehors de chez toi et de tes cours d’escrime. Tu étais plutôt bon, d’ailleurs.
« Vous avez décidé de ce que vous voulez faire ?
« Oui. Je veux faire médecine.
« Bien. Vous avez commencé à vous renseigner ?
« Oui. Je prépare mes candidatures pour les facultés parisiennes, c’est là-bas que je voudrais le faire. Je pense pouvoir avoir au moins Diderot, ou Pierre et Marie Curie.
Tu te souviens de la surprise de ton professeur en t’entendant parler de Paris. Ça ne l’étonnait probablement pas que tu songes à faire médecine. En classe, tu étais catégorisé comme le garçon ambitieux, qui a de la suite dans les idées. Mais Paris. C’était étonnant pour lui. Il n’imaginait pas que tu veuilles t’éloigner à ce point de tes parents. Mais tu étais bien cet adolescent ambitieux, tu voulais faire médecine, mais pas n’importe où.
Quitte à écoper du système bancal et récrié des facultés françaises, tu te disais que tu avais bien droit au prestige des études de médecine qu’elles dispensent. Après tout, parmi les meilleurs médecins du monde, beaucoup ont été formés en France.
Tu n’allais avoir aucun mal à postuler. Tu as tenté plusieurs facultés, bien sûr. Tu as aussi fait celle de Naples, parce que tu voulais un plan B. Tu as fait celle de Budapest, pour avoir un plan C. Mais tu as obtenu ton plan A. Tu as été accepté à Pierre et Marie Curie, Paris VI.
« Et tu sais déjà ce que tu veux faire, en médecine ?
« Ouais. Urgentiste, et toi ?
« Légiste.
Une fois passée l’année du concours – que tu as obtenu du premier coup – tu es parti de chez tes grands-parents, qui t’avaient accueilli pendant un an. Tu t’es trouvé une colocation, en plein Paris, avec une autre étudiante en médecine, de deux ans ton aînée. Claire. Elle se préparait à devenir urgentiste, et toi, tu avais déjà longuement réfléchi à la question avant même de t’inscrire à la fac.
C’est légiste que tu allais faire. Et tu allais le faire, tu ne comptais pas abandonner le moins du monde. Tu n’en avais pas bavé pendant un an de bachotage pur et simple pour abandonner en cours de route, que ton internat soit totalement nul ou pas. Votre colocation a duré longtemps, presque jusqu’à la fin de vos études. Elle a fini les siennes avant toi, mais vous êtes restés en contact.
Ton grand-père est décédé un peu plus d’un an après ce début de colocation.
« Et donc, tu es étudiant en médecine ?
« Oui.
« Et tu arrives à tout gérer ?
« … Non.
Il y a eu une vague de rire autour de la table ce soir-là. C’était le moment où elle et toi aviez officialisé votre couple en présence de ses parents. Ils t’avaient invité, tu avais fait leur connaissance alors que tu fréquentais déjà leur fille depuis quelques mois. C’était du sérieux, jusque-là. Ses parents t’appréciaient, que tu veuilles faire légiste ou pas.
Tu avais déjà vu des gens qui avaient grimacé bizarrement quand tu leur avais annoncé ton intention de t’orienter vers la médecine légale. En général, tu passais outre.
Avec le père de ta petite-amie, tu avais des discussions plutôt sérieuses, même pendant que tu essuyais la vaisselle qu’il venait de rincer. Avec la mère de ta petite-amie, vous parliez plutôt voyages, tu lui racontais Budapest, Naples. Parfois, tu passais en sifflant la Tarantella Napoletana. Avec la petite-sœur de ta petite amie, tu trichais au Monopoly, vous passiez votre temps à vous échanger les dés aux petits chevaux, en vous envoyant des piques comme des gamins. Ça n’a en tout cas pas traîné pour que tu obtiennes un double des clefs. Passe quand tu veux !
Tu n’avais même pas besoin de prévenir à chaque fois.
« Tout à l’heure, on m’a dit que pour le marié, je n’étais pas stressé du tout. Mais je fais des études de médecine, moi. J’ai survécu à l’année du concours, le stress, je ne sais plus ce que c’est.
Tu l’avais eue, ta formation en médecine légale. Tu étais formé à l’Institut Médico-Légal de Paris, Quai de la Rapée. Ça ne s’invente pas. Et au début de ta formation de quatre ans, tu t’es marié, avec cette jeune femme dont les parents t’avaient invité chez eux, avec lesquels tu avais plaisanté pendant de longues heures, qui t’avaient retrouvé à dormir sur leur canapé après une garde surprise.
Vous aviez tous les deux bientôt 26 ans. Vous vous êtes mariés en novembre, ton anniversaire approchait doucement. Elle en a profité pour annoncer qu’elle était enceinte.
Depuis deux mois.
Le bébé était prévu pour mai. Et toi tu te demandais comment, médecin que tu es, tu n’avais rien vu. Les statistiques n’avaient rien dit du tout.
Elles n’allaient rien dire du tout pour la suite.
« Si c’est une fille, on lui donne un prénom hongrois.
« Tu vas m’inventer quoi, encore ?
« Je pensais à Cecília.
« J’ai peur, pour l’orthographe.
Tu avais haussé les épaules. Ce n’est pas comme si l’orthographe était si importante que ça, si ? Tu avais pensé à Cecília parce que c’est un prénom un peu plus passe partout – beaucoup plus passe partout que le tien, en tout cas. Mais vous vous étiez mis d’accord : si le bébé était une fille, elle s’appellerait Cecília. Si c’était un garçon, il s’appellerait Gabriel. Tu n’y voyais absolument aucune objection.
Et vous avez appelé votre enfant Cecília.
Trois ans plus tard, tu obtenais le titre de médecin légiste. Il y avait déjà un moment que sur ton passeport, il n’y avait plus écrit « monsieur », mais « docteur ». A partir de là, les gens ont commencé à vraiment t’appeler Docteur Fersen. Tu pouvais être fier de toi. Tes parents étaient fiers de toi. Tes deux grand-mères étaient fières de toi, peut-être que quelque part si le paradis existe, tes deux grand-pères étaient fiers de toi aussi. Tes beaux-parents étaient fiers de toi. Ta belle-sœur était fière de toi.
« J’en ai marre que tu passes ton temps à me reprocher des choses sur lesquelles on s’était mis d’accord !
« D’accord ? On s’était mis d’accord là-dessus, peut-être ? Tu passes plus de temps au travail qu’à la maison, quand tu rentres, la première chose que tu fais c’est d’aller t’enfermer dans la salle de bain, c’est à peine si tu nous dis bonsoir !
« Alors celle-là c’est la meilleure ! Si je fais ça c’est parce que tu m’as reproché un nombre incroyable de fois de revenir avec l’odeur de l’IML imprégnée sur mes vêtements, et toi tout ce que tu trouves à dire c’est que je ne fais aucun effort ?
« Pourquoi il a fallu que tu fasses médecine légale, d’abord ?
« Mais parce que ç-ATTENTION !
Trop tard.
Ce n’était qu’une question de temps avant que les disputes n’aient raison de vous. Il n’a fallu que d’une demi-seconde d’inattention sur une route sans glissière de sécurité, et d’un arbre sur le passage. Le bilan a été plus lourd pour toi que pour elle ; normal, tu étais côté passager. Poignet gauche cassé. Trois côtes fêlées à cause de la ceinture de sécurité. Ton nez avait probablement subi un sort similaire avec l’airbag parce qu’il a saigné à intervalles plus ou moins réguliers pendant une semaine. Genou droit : fracturé.
Broches.
Deux ou trois opérations.
Six mois de rééducation qui t’attendaient et tes collègues qui se voulaient optimistes. Même si vous ne récupérez que 99% de mobilité, c’est déjà très bien. Evidemment, que c’était très bien. On ne récupère jamais 100% de mobilité d’une articulation, mais 100%, ça correspond à quoi exactement ? A tout ce qu’il est possible de faire avec un genou ? On ne peut pas dire que tu aies tout expérimenté de ce côté-là. Tu n’avais que trente-et-un ans.
Ta seule consolation : que vous étiez sortis sans Cecília, qu’elle n’ait pas été là.
« Papa… elle est où, maman ?
Si seulement tu avais eu la réponse à cette question. Tu étais sorti de l’hôpital depuis, quoi, même pas deux semaines. Tu avais encore ta dose de calmants, le soir. Ton genou te faisait encore mal, la rééducation n’avait pas commencé, tu avais encore des broches dans la jambe. Tu marchais avec une canne.
Ce matin-là, tu te sentais encore plus vaseux que d’habitude. Cecília, du haut de ses presque cinq ans, était au bord des larmes. Elle ne trouvait pas sa mère. Toi, tu ne trouvais pas ta femme.
Sur ses étagères, dans votre chambre, il manquait ses vêtements.
Dans la salle de bain, il manquait son maquillage.
Dans le bureau, il manquait son passeport.
Dans le réduit, il manquait deux valises.
Dans la plaquette de calmants, il manquait deux comprimés, mais ceux-là tu savais où ils étaient, et ils s’estompaient encore doucement au milieu de tes globules rouges. Pour le reste, tu n’avais aucune idée.
Ta seule certitude, c’était que les statistiques étaient restées muettes.
Alors vous avez commencé à reconstruire une vie, la vôtre. Où vous ne seriez que tous les deux. Batailler avec le système fut un peu compliqué, difficile de divorcer quand l’un des partis manque, difficile de faire valoir ses droits dans un pays où la position de la mère est quasiment sacrée, dans un monde où on regarde encore bizarrement, où on s’étonne encore, de voir des pères célibataires élever des filles.
Ton activité de légiste n’a pas joué en ta faveur.
Ta colère a joué en la défaveur des autres. Non ! ça suffit ! Vous voulez que je vous prouve que je suis apte à m’occuper de ma fille. Alors maintenant c’est à mon tour de vous poser une question ! Comment voulez-vous que je vous prouve quoi que ce soit, si vous ne me la confiez pas ? Comment est-ce que je suis censé vous prouver que je sais m’occuper d’elle si elle n’est pas là ?
Ton entourage te découvrait plus renfermé, froid comme de la glace. Tu avais cessé de sourire, tu répondais avec des mots durs et des regards plus tranchants encore. La seule que tu épargnais, c’est ta fille, Cecília.
Avec le temps, tu as appris à épargner tes parents, tes beaux-parents, qui avaient toujours été là. Et ta belle-sœur. Ils n’y étaient pour rien.
« Je pense que vous devriez envisager de déménager.
« Pour aller où ? Vous pouvez me le dire, ça ?
« Je crois qu'Arapaima serait une bonne idée. Vous n’en avez sans doute pas conscience, parce que je pense que vous avez délaissé plus d’une chose dans votre parcours, mais vous êtes spécial. Vous avez ce… ce don.
« C’est statistique. Et ce n’est ni infaillible, ni automatique.
« Précisément. Arapaima est une bonne option pour vous. Vous êtes médecin légiste, vous pouvez trouver du travail n’importe où dans le monde, et un nouveau départ vous serait bénéfique. De plus, Cecília pourra aussi profiter de vivre là-bas, si elle se révélait… spéciale.
Tu avais eu un rictus amer, replié ton genou droit parce que tu pouvais de nouveau le faire, après des mois de galère et de rééducation.
« Elle est déjà spéciale. C’est ma fille. Elle n’a pas besoin de faire léviter des objets pour être spéciale. Pas à mes yeux. Et les vôtres n’ont pas à avoir d’avis sur la question.
Mais tu es quand même parti.
Tu as pesé le pour et le contre, et c’est vrai que ce n’était pas un mauvais plan, alors tu as fait tes cartons et tu es parti, avec Cecília. Vous avez longuement discuté de tout ça. Elle avait sept ans, à l’époque, et toi trente-trois. Au terme de deux ans de procédures en tous genres, tu avais été désigné comme seul tuteur légal.
Tu étais officiellement divorcé d’une femme qui était quelque part dans le monde, Dieu sait où. Tu n’as pas gardé l’alliance. Tu as continué de te refermer sur toi-même.
Tu as laissé l’amertume et le cynisme s’installer dans ton quotidien à partir du moment où tu quittes ton domicile.
Dis-moi, Istvan, ça fait cinq ans que ça dure.
Cecília a grandi, elle a douze ans, maintenant. Toi, tu n’as même plus besoin d’une longue vue pour regarder la quarantaine arriver.
Dis-moi, Istvan, qu’est-ce que tu vas encore inventer pour les étudiants à qui tu vas devoir faire cours, ce matin, puisque ça fait partie de tes attributions de médecin légiste, et que les morts s’en foutent d’attendre.
Il s'en est encore passé des choses ; regarde, cette année tu fêteras tes 41 ans. En décembre, sous la neige, peut-être. Tu ne sais pas, tu attends de voir. Il s'en est passé des choses et tu as laissé tomber les cours à la faculté, tu préfères les conférences. Plus sporadiques. Il va continuer de s'en passer, des choses ; tu es loin d'être au bout de tes surprises.
Tu détestes les surprises.
Ça te traverse l'esprit comme un constat idiot alors que tu soupires un peu en baissant les yeux vers la tasse de café emprisonnée entre tes doigts. Tu détestes les surprises. Mais tu vois, toi, tu feras comme d'habitude.
Tu feras avec et puis tant pis.
- Basil HirschCo-fonda • Da Vinci Code
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Re: Istvan Fersen • C8H10N4O2
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