- Vladlen R. UtyashevCo-fonda • Aux quatre vents
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Date d'inscription : 24/08/2019
Vladlen Renatovitch Utyashev
53 ans, 12 juin 1968 • M • 2m08, armoire à glace arborant de multiples stigmates • Yeux or sombre, pupilles verticales, nyctalope, protanomal et photophobe • Cheveux blancs à reflets argentés, ondulés • Peau terne et mate, calleuse • Voix profonde, vibrante • Sens surdéveloppés, sauf le goût • Organe de Jacobson fonctionnelÉcogarde en formation dans la réserve naturelle de Tapë Roa • Nationalité russe • Parle russe et bachkir en langues natales, un anglais correct et un allemand rudimentaire
• Gris-réciproromantique : ne ressent que rarement et vaguement le sentiment amoureux, uniquement en réponse à une attirance romantique préexistante.
- Deeper in his head:
- Il est cette présence imposante par le corps, discrète par l'esprit, mais qui vous regarde avec une quiétude perçante entre deux méditations. Il n'agit que lorsque cela semble nécessaire, il ne parle que lorsqu'il ne peut se faire comprendre en demeurant plongé dans le mutisme, néanmoins ses interventions ne laisseront jamais de glace.
Il s'impose naturellement une distance, un recul entre lui et les gens. Dans sa circonspection naturelle, il cède parfois à la facilité de juger sur la première impression pour ne pas commettre l'erreur de baisser sa garde trop vite. Toutefois, il peut révéler au besoin d'autres facettes de sa personnalité, plus chaleureuses ou plus sévères. Pour les méritants, il sera le plus solide des piliers, le plus fiable des remparts. Pour les autres, il sera une montagne froide, un colosse impassible.
Si son avis sur quelque chose est requis, son premier réflexe sera de le donner avec une honnêteté dénuée de toute crainte de quelconques représailles si sa réponse est déplaisante à l'oreille de son interlocuteur. Mentir, il sait faire, mais plus souvent pour les autres que pour son propre bénéfice, et quand il considère la cause juste. D'un caractère placide, il ne se bat que s'il est contraint à la défense. Dans ce cas précis cependant, il peut se révéler alors impitoyable.
Vladlen conserve une grande fierté et estime de lui-même malgré son flegme, essentiellement nourrie par le fait qu'il n'est pas homme à avoir peur, ou du moins, il n'est pas homme à le montrer. Il dispose d'un sang-froid difficile à éprouver, mais d'une patience à l'inverse plutôt friable. En venir à bout se traduira par un rejet catégorique, voire une attitude volontairement intimidante. Il n'aura pas honte de compter sur ses avantages physiques s'il le faut.
Il n'en reste pas moins toujours droit, maître de ses réactions, afin de cacher sa complexité derrière un comportement simple et réfléchi, ne laissant à personne le loisir de percer son armure.
Loup-cervier
Ceci dit, sa meilleure performance en matière de retransformation humaine est presque parfaite, à l'exception de ses yeux qui demeurent félins, de ses dents qui s'apparentent plutôt à des crocs, de vibrisses encore présentent dans ses cheveux et sa barbe, de quelques poils au bout de ses oreilles sensibles, et d'un organe voméro-nasal toujours actif au lieu de n'être qu'à l'état vestigial.
Il est théoriquement capable de se maintenir sous cette apparence environ vingt-quatre heures consécutives maximum, au prix du même temps passé sous forme féline ensuite. Dans la pratique, au bout de dix heures, il ressentira déjà des effets désagréables : sa conscience humaine se dégradera progressivement jusqu'à ce que ses instincts prennent le dessus. Pour limiter cela, il lâche du leste au niveau corporel, en laissant par exemple sa queue repousser, ses griffes ressortir, ses poils s'épaissir.
S'il repousse cette limite temporelle, mais aussi celles physiques ou mentales qui peuvent diminuer son contrôle, il prend le risque de perdre toute faculté à réfléchir comme un humain pour ne devenir qu'une bête sauvage durant des jours, voire des semaines, avant qu'une étincelle de conscience ne resurgisse. Ainsi, il demeure très prudent quand à la maîtrise de son énergie, il évitera notamment de déséquilibrer son quotidien que ce soit au niveau alimentaire ou en faisant des nuits blanches. Par ailleurs, s'il dort ou perd connaissance, il redevient systématiquement un lynx.
L'homme est un loup pour l'homme
La vie du jeune garçon était aussi modeste que ses plaisirs l'étaient ; rythmée par les longs déplacements des troupeaux entre les pâturages d'hiver et d'été, les escales éphémères dans différents villages, une scolarité rudimentaire dispensée d'un bout à l'autre de l'itinéraire de transhumance en fonction des saisons, il était destiné à reprendre le flambeau familial en tant que berger, et c'était tout à fait à sa convenance. Or son entrée dans l'adolescence s'accompagna de transformations, au sens hélas trop littéral.
Comment pouvait-il s'imaginer que s'il lui arrivait de n'avoir aucun appétit et de ne pratiquement plus manger pendant des jours, sans pour autant s'avérer en mauvaise santé, c'était parce qu'il était déjà rassasié ? Humain le jour, il devenait accidentellement lynx certaines nuits, s'en allait quérir sa liberté dans la forêt ou dans les steppes, pour s'adonner à la chasse aux aurores. Il ne gardait pour souvenir que celui de ses réveils improbables en pleine nature, au zénith, complètement nu, parfois à plusieurs kilomètres de chez lui, avec un goût de sang dans la bouche si fort qu'il cherchait toujours au plus vite un point d'eau pour se laver et s'abreuver.
Bien sûr, cela attira la curiosité de ses proches, suscita même leur inquiétude, craignant que ce somnambulisme étrange ne le conduise à se mettre en danger un jour. Mais il leur revenait heureusement entier à chaque fois, et aucune consultation médicale ne sut jamais déceler quoi que ce soit. De plus, ils n'avaient pas vraiment les moyens de payer des spécialistes quelconques. Ils se tournèrent donc vers leur unique solution : faire avec. Jusqu'alors, il semblait avoir toujours de la chance.
Peut-être qu'à force cela finit par faire pencher la balance du karma en sa défaveur ; un matin, sans doute à cause de la rigueur particulière d'un climat hivernal aux conditions météorologiques désastreuses, d'une nuit entière passée à endurer le blizzard sous un simple arbre renversé, le lynx qu'il devenait dérogea à ses habitudes d'alimentation et préféra braver la vigilance des patous pour se jeter sur des proies faciles. Les aboiements et bêlements qui s'ensuivirent attirèrent leurs maîtres à l'extérieur.
Sa mère était un soutien indéfectible pour son époux, essentielle comme son crochet et sa houlette ; une cuisinière hors pair qui pouvait faire passer quelques pommes de terre et un peu de lard pour un festin ; une couturière reprisant inlassablement leurs vêtements abîmés par de trop longues marches. Elle l'avait mise au monde et éduquée avec toute sa tendresse. La dernière image d'elle qui imprima sa mémoire fut celle d'une femme impitoyable comme on en fait qu'en Russie, le braquant d'un fusil calé contre l'épaule. Sur l'instant, impossible de savoir qui des deux reconnaissait le moins l'autre.
Le coup de feu trancha la question d'une estafilade dans le pelage de son flanc raté d'un poil rougi d'une fine ligne brûlante et ensanglantée. Sa conscience humaine resurgit sous le choc, mais ses instincts dominèrent sa réaction et il prit la fuite. Il ne revint jamais.
La blessure légère laissée par l'effleurement de la balle avait eu tôt fait de disparaître. Celle de son cœur demeurait encore, alourdit comme s'il était devenu le plomb des éclats qui s'y étaient logés. C'était une peine très humaine qu'il endurait alors qu'il était coincé sous la forme de cette bête responsable de son exil. Mais ce fut bien l'instinct animal qui le sauva d'endurer les affres de la dépression, la terreur de l'inconnu, le désir de la mort. Ce corps à peine adulte qu'il avait perdu, il en fit le deuil en embrassant pleinement sa condition féline ; sauvage, dangereuse mais aussi incroyablement libre.
Elle couvait toujours dans un recoin de son esprit, cette petite étincelle de conscience qu'un jour, il avait été un Homme. Mais ceux-ci, triste constat, étaient désormais ses ennemis. Il connut bien des pièges, bien des armes, bien des chasseurs derrière cette violence digne de celles réservées aux sorcières en des temps où son espèce elle-même était perçue comme l'oeuvre du Malin. En contrepartie, il jouissait d'une existence d'une simplicité pourtant impunissable.
Le ridicule de la complexité de la société humaine, qui avait tenté de lui faire croire que chacun de ses rouages était essentiel au fonctionnement de sa machinerie, alors que leur surnombre est une raison pour laquelle elle se grippe, lui apparut d'autant plus clairement le jour où il fut contraint de la côtoyer de près à nouveau. Dans une cage. À la merci de braconniers ? Oh, non, pire : des écolos, pour un programme de réintroduction.
Alors, l'intention était noble, probablement, même s'il serait d'avis qu'il aurait été mieux de ne pas commettre l'erreur de les exterminer plutôt que de balbutier des initiatives pour les sauver. Dans les faits, il n'avait de toute façon pas fait un bon candidat pour le projet : la surprise fut de taille – deux mètres huit, pas moins – quant au moment d'essayer de lui poser un traceur avant de le relâcher, ce ne fut pas Grumpy, le lynx à l'air bougon, mais bien Vladlen qui se débattit et assomma le vétérinaire en charge de le pucer.
L'histoire ne pouvait pas s'arrêter là, évidemment... Au contraire, elle commençait tout juste. Il fallait bien prendre en charge, une fois calmé plus ou moins artificiellement d'abord, puis par lui-même ensuite, cet être humain qui faisait clairement partie de cette catégorie étrange que l'on appelait les "dotés". Le dialogue fut compliqué à établir entre l'équipe médicale et le jeune homme qui avait formulé avec peine quelques sons incompréhensibles avant de se retransformer, et surtout, qui nourrissait une aversion claire pour ses propres congénères, vraisemblablement plus considérés comme tels.
Lui extraire des informations sur son identité fut le travail laborieux que finalement mena avec patience une psychologue, qui avait compris qu'avant toute chose il fallait apprivoiser l'animal avant de pouvoir atteindre l'humain. Contrairement à d'autres, elle supposait qu'il fallait communiquer avec, qu'importe son apparence : elle l'avait décelée, cette lueur intelligente dans ses yeux dorés, quand elle avait essayé de lui parler en russe plutôt qu'en anglais, en repensant à son lieu de capture, dans les Monts Oural.
Ses connaissances dans cette langue était limitées en réalité, elle avait plutôt prévu de travailler avec des allemands à la base, pour le repeuplement du Palatinat ; mais elle avait persisté, armée de son petit dictionnaire de poche plutôt que du fusil à seringues hypodermiques qu'on avait voulu lui confier. Ses oreilles de félin, aussi sensibles fussent-elles, auraient été indifférentes à ses mots si derrière il n'avait pas été capable de relever sa grammaire lamentable, qui lui revenait naturellement en mémoire puisqu'il s'agissait tout de même de sa langue natale.
Au bout de trois jours de quarantaine – il faut dire que son cas était inédit ; il était difficile de décider de ce qu'il fallait faire d'une bête sauvage qui n'en était pas une mais qui s'obstinait à le paraître –, il parvint à se maintenir, volontairement, une trentaine de secondes sous une apparence plus ou moins humanoïde, suffisante pour enfin pouvoir lui faire remarquer d'une voix rauque que son accent était affreux. Elle avait accusé un silence, l'air stupéfaite, avant d'éclater d'un rire cristallin.
Ce fut la première fois depuis longtemps que Vladlen trouva à l'espèce humaine quelque chose de charmant.
Il écrivait une lettre. Ça faisait cinq années qu'il avait réappris à tenir un stylo, à se réapproprier tant l'usage d'un pouce opposable que tout un tas de spécificités comme la marche en station verticale, sur ces deux échasses à l'équilibre discutable que l'on appelait des jambes. Cinq années sur lesquelles il s'apprêtait à tourner la page, du bout de cette plume, comme une étape révolue de sa vie, sans aigreur ni regrets.
Il s'appelait Vladlen Utyashev. Fils de Renat Utyashev et Zifa Utyasheva, porté disparu depuis 1986. Il data son courrier. 1998. À trente ans, dans les pays scandinaves, et même dans le monde, la moyenne des hommes est mariée ou envisage de l'être. Lui au contraire scellait à l'encre des adieux qui seraient ainsi probablement plus doux que ceux, forcés, déchirants, qu'il n'avait jamais pu faire à sa famille abandonnée bien malgré lui.
Ça n'avait plus tant d'importance que ça, prétendait-il. Pour celle qui parlait désormais couramment le russe pour lui, mais qui demeurait encore un peu cette psychologue trop bavarde, ça devait forcément en avoir. Et elle avait certainement raison bien que cela lui coûtait de l'admettre. Quel sens cela avait-il sinon, de coucher ces mots sur du papier avant de retourner tutoyer les arbres ? Car c'était de cela dont il était question.
Il s'appelait Vladlen Utyashev. Elle aurait aimé porter ce nom, elle aussi. Et peut-être un peu plus. Rencontrer ses parents afin qu'ils deviennent un peu les siens, au lieu de leur annoncer, cette enveloppe en main, qu'ils perdaient en quelque sorte leur fils pour la deuxième fois, sans même l'avoir revu.
Mais il était en vie, c'était ce qui comptait, n'est-ce pas ? Heureux de retrouver enfin les montagnes enneigées de l'Oural après un long voyage pour y parvenir, ce morceau de territoire qui n'attendait que d'être disputé pour le reprendre puis agrandi, qu'il n'avait plus foulé de ses larges pattes qui se lassaient du port de chaussures. Délesté du poids des mauvais souvenirs et des questions sans réponses longtemps reniées.
Ils étaient tous en vie. Ils n'avaient pas besoin d'être rassemblés pour avoir cette certitude. Alors il reprit son existence de prédateur solitaire, de marcheur infatigable, de nomade depuis longtemps affranchi du troupeau pour n'être plus que son seul guide. À la différence qu'à présent, il s'agissait d'un choix entier, conscient, et mûrement réfléchi. D'exilé, il s'était mué en ermite.
Quoiqu'il regagnait la civilisation, de temps à autre, quand il n'avait pas d'autres options pour survivre. Lorsque les proies manquaient malgré un domaine s'étendant sur des centaines de kilomètres. Lorsqu'en traversant une nationale dans l'espoir d'attraper un lièvre repéré de l'autre côté, son effet de surprise fut brisé sur le pare-choc d'une voiture avec ses côtes. Environ soixante pourcents des lynx morts chaque année le sont en raison d'accidents de la route. Lui avait miraculeusement survécu. Il neigeait dru. Elle ne roulait pas si vite. Elle avait évité de l'abandonner sur le bas-côté quand, encore à demi-conscient, il avait repris forme humaine pour augmenter ses chances de la faire culpabiliser de son crime.
De si éprouvantes aventures, il en aurait une bagatelle à raconter si seulement il était de nature loquace. Il y en avait toutefois d'autres, plus douces, pour lesquelles il avait gardé un certain goût notamment de février à mars. Tandis qu'étaient parfois audibles dans la forêt les feulements de ses pairs en rut, lui surmontait alors bien volontiers son habituelle réticence pour apaiser ses bas instincts dans un lit plutôt que dans la neige.
De la même façon qu'il n'assurait qu'un rôle reproducteur auprès des femelles lynx avant de repartir de son côté, il ne se préoccupait pas des femmes qu'il rencontrait au-delà du temps passé à satisfaire ses besoins primaires. Et après une quinzaine d'années avec cette dynamique, il est fort probable qu'il ait bénéficié à l'accroissement de la population des deux espèces auxquelles il appartient.
Le hasard voulut qu'il retombât néanmoins sur l'une des proies de son tableau de chasse de longs mois plus tard... Et qu'elle s'avérât remarquablement plus large de profil désormais, au niveau de son ventre qui était encore bien plat à leur première rencontre. Il allait sans dire que Vladlen s'était éclipsé sans demander son reste avant d'être repéré, ce qui n'est jamais difficile en raison de sa carrure massive.
Toutefois, à compter de ce jour, il ressentit l'envie irrésistible de rôder aux alentours de ce qu'il savait être la demeure de la femme, toujours aussi célibataire et probablement un peu paumée dans sa vie trop compliquée d'humaine. C'est qu'il en aurait presque fini par la trouver digne de sympathie : il ne flottait plus d'odeur ni de cigarette, ni de vodka, dans ses poubelles quand il passait à proximité. Ses espérances dégringolèrent quelques temps après l'accouchement.
Au bout de plusieurs jours d'absence, il avait vu sa voiture revenir tard le soir, probablement de la maternité la plus proche. Elle en était sortie, avait récupéré le bébé dans les bras. Il s’apprêtait à s'en retourner dans les bois pour y disparaître définitivement, un étrange mais agréable sentiment d'accomplissement lui tenant plus efficacement chaud que sa propre fourrure, quand des cris stridents l'avaient alerté. Ainsi que le son trop reconnaissable d'un chien. Celui d'une arme à feu.
L'image qui se présenta à ses iris flamboyant dans l'obscurité était douloureusement familière, et le mot trop bien choisi. Par la fenêtre éclairée de la demeure, qu'il traversa d'un bond agile brisant son verre et son armature, il ne voyait plus que cette abomination, amas de cellules cancéreuses de la Nature, s’apprêtant à juger indigne de vivre du bout de son canon l'être qu'elle avait elle-même enfanté. Il fut le plus rapide à rendre verdict et condamnation lui-même ; le sang encore frais entre ses crocs s'étendait sous ses pattes, mais après cette nuit-là, nulle trace d'une bête féroce ne saurait être retrouvée dans les décombres d'une bâtisse incendiée à grand renforts de jerrycans d'essence. Juste les restes carbonisés d'un seul cadavre allègrement arrosé.
Vladlen ne pouvait pas se promettre que plus jamais il ne ferait de si long voyage. Mais en tout cas, il jurait que c'était la première et la dernière fois qu'il prenait l'avion. Si l'océan n'avait pas été si vaste, il aurait encore préféré nager jusqu'à sa destination finale.
Il quittait l'aéroport avec pour seul bagage un gros sac de sport, et trottinant à ses pieds, une silhouette poilue prompte à grogner sur tout ce qui pouvait bouger autour d'eux, aussi stressée que lui par ces longues heures dans un horrible caisson pressurisé qui ne touche plus terre. Quel problème d'ailleurs pour expliquer que non, il était hors de question qu'il voyage en soute ; il s'attendait à plus tolérant que ça, vu ce qu'on lui avait vendu pour motiver sa migration.
Ils préférèrent tous deux se hâter de retrouver des espaces similaires à ceux auxquels ils étaient habitués. Les étendues montagneuses et forestières attirèrent immédiatement leur convoitise : elles deviendraient leur nouveau territoire, certes autrement plus petit que les quelques quatre cents kilomètres qu'occupait le vieux lynx, qui avait déjà largement dépassé l'espérance de vie de ses semblables, et certes apparemment déjà bien investie par l'activité humaine avec laquelle il allait devoir composer.
C'était sa vieille amie psychologue qui lui en avait parlé. Car il n'avait pas pu oublier son adresse. Ni comment tenir un stylo. Il lui avait donné le numéro d'une boîte aux lettres aussi précaire que le studio qu'il louait avec l'argent de maigres travaux essentiellement au noir voire illégaux pour élever un rejeton tantôt humain, tantôt loup ; dans les deux cas excessivement fragile, beaucoup trop pour une vie sauvage avec un père incapable biologiquement de subvenir à ses besoins, n'étant ni du bon sexe, ni même de la bonne espèce pour l'une d'entre elle.
Il était contraint de l'avouer : il avait besoin d'aide, d'autant plus que le louveteau se développait environ sept fois plus lentement que la normale, compliquant encore sa tâche au point qu'il éprouvait les limites physiques et psychiques de son contrôle sur son pouvoir. Pour son protégé toutefois, il avait découvert qu'il pouvait faire les concessions les plus absurdes ; depuis qu'il avait dû livrer une bataille acharnée avec la justice pour adopter le petit garçon et le renommer Artur – il avait insisté longuement sur ce point en évoquant la mort tragique de sa mère, sans s'accuser bien sûr... –, alors que tout paraissait perdu d'avance compte tenu de sa stabilité sociale inexistante... Il n'était plus à ça près.
Ce n'était rien, traverser un continent entier vers un pseudo-Eldorado pour dotés du nom de Tapë Roa. Puis sur place confirmer qu'il acceptait l'offre arrangée en amont avec le président Salmon en personne, d'intégrer l'équipe des gardes nature de l'île afin de se réinsérer dans les meilleures conditions à la société humaine, et prouver ainsi qu'il était apte à l'éducation d'un enfant de trois ans maintenant. Officialiser sa renonciation à sa liberté chèrement acquise, au moins jusqu'à ce que son fils soit en âge de quérir la sienne, avec, il l'espérait, une meilleure maîtrise de sa vie qu'il n'en avait eu lui-même lors des premières manifestations de ses aptitudes.
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- Istvan FersenCo-fonda • Modèle de Géricault
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